Une série de courtes histoires impressionnistes, autant d’instantanés où les protagonistes affrontent l’insolite, le merveilleux ou l’horreur pure. Une constante traverse l’ensemble : Riverbrooke, cette ville qui n’existe sur aucune carte. Compilation de textes inédits ou déjà publiés, accomplie lors d’une maîtrise à l’Université de Sherbrooke, Servitude est le premier livre de Raphaëlle B. Adam, auteure bien connue qui a notamment publié dans Alibis, Brins d’éternité et Solaris.

Le contenu de Servitude
Une librairie où les livres jouent à cache-cache, le directeur d’une agence de mannequins forcé d’assister à un défilé de mode autant sublime qu’horrible, une préposée aux bénéficiaires qui enquête sur un bébé fantôme, une vendeuse de vêtements aux prises avec un pantalon très spécial… ce sont quelques exemples des dix-sept histoires qui composent ce recueil. Dix-sept photos où le drame le plus banal côtoie l’insolite, le comique, le merveilleux et l’horreur pure. Leur point commun : toutes ont été prises dans la ville de Riverbrooke, elle-même une ombre qui ne figure sur aucune carte…
Autour de Servitude
Parfois, en fouillant chez ses parents ou ses grands-parents, on trouve une boîte avec de vieilles photos. Des images carrées en noir et blanc, des polaroids un peu flous, des photos rectangulaires plus précises, mais aux couleurs bizarres, des photos retouchées… On les regarde et l’on imagine quelle histoire chacune raconte, quel contexte devait entourer la scène qui y a été figée pour l’éternité. La lecture des nouvelles du recueil Servitude m’a procuré la même expérience : celle d’ouvrir une boîte avec autant d’instantanés reliés par des fils conducteurs (ici la ville où a lieu chaque récit et la voix avec laquelle les histoires sont racontées). Certaines histoires très courtes et très impressionnistes sont comme des photos avec un grain plus visible, alors que d’autres, plus longues et détaillées, sont des images imprimées sur un carton plus grand, avec plus de pixels… Mais toutes dégagent quelque chose, une atmosphère onirique allant du comique au cauchemar. Ce petit quelque chose qui nous incite à replonger dans le recueil soir après soir, après le coucher du soleil…
Raphaëlle B. Adam est une figure bien connue des littératures de l’imaginaire au Québec, avec plusieurs contributions à des revues comme Alibis, Brins d’Éternité et Solaris, des chroniques à la radio et diverses implications dans les événements qui rythment la vie littéraire québécoise (vivement que la covid s’en aille pour qu’on y replonge!). J’étais curieux de voir le travail qu’elle a accompli avec ce recueil, réalisé en partie lors d’une maîtrise à l’Université de Sherbrooke – tout en sachant que, personnellement, les recueils de nouvelles (surtout de très courtes nouvelles avec une approche impressionniste) ne sont pas ma tasse de thé. Même si l’on est peu friand du genre, on aurait tort de passer à côté de ce petit livre : chaque œuvre est un petit bijou, et la plume de Raphaëlle B. Adam possède une puissance d’évocation que je n’ai ressentie qu’à deux reprises, soit à la lecture des Dernières nouvelles de la Terre, de Pierre Bordage, et à celle des récits d’Edgar Allan Poe. J’en veux pour preuve la courte introduction, qui donne la note de départ et vous happe, vous incitant à tourner cette première page… et la suivante… et…

Avec ses récits de plus en complexes qui oscillent entre le fait divers, l’humour, le merveilleux et l’horreur pure, nul doute que le recueil Servitude vous laissera un souvenir impérissable. Une impression étrange qui ne vous quittera plus après avoir refermé le livre…
Fiche technique
Titre : Servitude
Auteure : Raphaëlle B. Adam
Année : 2020
Éditeur : Triptyque (collection : Satellite)
Prix (Québec) : 21,95 $