
Titre original : Le patient de l’interne Freud
Genre : Fantastique – Horreur
Année : 2009
Publication : Solaris 172
Site Web : revue-solaris.com
Qu’aimeriez-vous dans cette histoire?
Le mélange de lieux et de personnages historiques avec des événements fictifs. L’hommage à Robert Louis Stevenson. Du gore.
Résumé
Londres, 1885. Aidan Ross, un jeune médecin, est la proie de crises nerveuses et de visions terrifiantes. D’où vient ce mal étrange que ni lui ni ses confrères ne parviennent à identifier? Jean-Martin Charcot, le « Napoléon des Névroses », pourrait-il en découvrir l’origine? Aidan se rend à Paris, où Charcot le confie à son interne le plus prometteur, le jeune Sigmund Freud. Fasciné par les drogues et les séances d’hypnose de son mentor, Freud expérimente sur Aidan une thérapie « hypnochimique » de son invention. Les conséquences seront des plus horribles…
Revue de presse
Le patient de l’interne Freud, de Philippe-Aubert Côté : encore une excellente histoire que celle-ci, qui réécrit Dr Jekyll et Mr Hyde, en nous montrant la rage refoulée en action.
Les chroniques de l’imaginaire
Origine de cette histoire
Si j’ai à désigner un livre comme étant celui qui m’a le plus marqué, je répondrais sans hésitation : L’étrange cas du Dr Jekyll et de M. Hyde, de Robert Louis Stevenson. À mon sens, aucun autre ouvrage n’a aussi bien réussi à illustrer le fait que les humains peuvent se montrer bons et méchants (au lieu d’être fondamentalement bons ou méchants, comme l’enseignait l’une de mes institutrices au primaire – une religieuse).
Fasciné par l’ère victorienne, je rêvais depuis longtemps de rédiger une histoire située à cette époque. À l’été 2007, alors que je venais de retravailler Le premier de sa lignée, je préparais un cours d’histoire des sciences que j’allais donner à l’UQAC à l’automne. En révisant mes notes sur les avancées scientifiques du XIXe siècle, je constatai une coïncidence amusante : c’est entre octobre 1885 et février 1886 que Sigmund Freud, alors jeune interne, effectua sous la supervision de Jean-Martin Charcot le stage qui allait orienter sa carrière dans la voie qu’on connaît. Or c’est au début de 1886 que Robert Louis Stevenson publia L’étrange cas du Dr Jekyll et de M. Hyde.
Bien qu’amusante, la coïncidence n’est pas surprenante quand on remet les choses en contexte : à la fin du XIXe siècle, l’esprit humain, après avoir été un objet de religion, était devenu un objet d’investigation philosophique et scientifique. Les idées présentées par Freud et Stevenson s’inspiraient de celles qui circulaient à l’époque. Le contexte médical et philosophique était favorable à ce que Freud étudie l’esprit d’une manière qui allait lui permettre de fonder la psychanalyse, tout comme il était favorable à ce que Stevenson veuille consacrer un récit à la dualité de l’âme humaine…
Mais alors que je retournais ma découverte dans une rame du métro de Montréal (précisément entre les stations Beaudry et Berry-UQAM), je me dis : « Et si les deux événements étaient liés? Si les travaux de Freud avaient inspiré Stevenson? »
Emballé, je réunis une abondante documentation sur Freud et Charcot et mis le texte en chantier. Beaucoup de détails contenus dans la nouvelle sont authentiques : la description de Charcot et de son unité, les tensions entre Freud et Gilles de La Tourette, le personnage de Francis Carr Gomm (authentique, mais dont j’ai volontairement calqué l’apparence sur celle de John Gielgud, qui l’incarne de façon magistrale dans L’Homme-Éléphant, de David Lynch)…
Un dernier point : qui est le « Monsieur Opale », à qui est dédiée cette histoire? Tout simplement le nom donné à M. Hyde dans Le testament du Dr Cordelier, de Jean Renoir, une transposition du roman de Stevenson dans le Paris des années 1950. Mon père avait été marqué par ce film dans les années 1950, quand il était enfant, il en a parlé pendant des années, sans pouvoir retrouver le titre. Ce n’est que dans les années 1990 que je suis parvenu à identifier le long-métrage en question. Constatant qu’il s’agissait d’une adaptation de Jekyll et Hyde, j’ai trouvé amusant, voire symbolique, que mon père et moi ayons été marqués dans notre enfance par la même histoire, racontée par deux médias différents…
Références
Mureliane. (2009). Critique du Solaris 172. Les chroniques de l’imaginaire. Récupéré le 2014-12-05 à : http://www.climaginaire.com/index.php/climaginaire/Revue-fanzine/Revue/Solaris-Numero-172